J’ai demandé l’asile en Grèce mais je dois partir dans un autre pays européen, est-ce que je vais être renvoyé en Grèce ?
Les bonnes nouvelles d’abord. Ces deux dernières années, le nombre de personnes renvoyées en Grèce a été très faible et la plupart d’entre elles étaient des jeunes hommes célibataires en bonne santé ! Cependant, malgré les conditions difficiles en Grèce, les personnes qui ont poursuivi leur route de la Grèce vers un autre pays de l’UE, conformément à la loi, peuvent faire l’objet d’un retour forcé en Grèce. Ce risque existe pour les personnes dont les empreintes digitales ont été relevées en Grèce ou qui y ont demandé l’asile, ainsi que les personnes qui ont obtenu le statut de réfugié. Actuellement, la majorité des dizaines de personnes renvoyées chaque année concerne des personnes qui ont obtenu l’asile en Grèce. Le risque d’un retour forcé dépend de la personne (vos caractéristiques particulières, y compris votre genre et vos éventuelles vulnérabilités, vos empreintes digitales, et votre statut d’asile en Grèce) et du pays dans lequel vous vous rendez (les politiques de renvoi vers la Grèce varient d’un pays à l’autre). Cela dépend également de la volonté de la Grèce de vous accepter à nouveau. Comme la situation peut toujours évoluer de manière négative, si vous quittez la Grèce après avoir donné vos empreintes digitales dans ce pays (et éventuellement si vous avez demandé l’asile et reçu une décision positive), il est essentiel, si possible, de documenter les raisons pour lesquelles vous avez quitté ce pays et pourquoi vous avez demandé l’asile dans un autre pays (c’est-à-dire les difficultés de survivre, les tentatives de construire une vie, les dangers éventuels auxquels vous avez été confrontée, la séparation des membres de votre famille entre deux pays, etc.). Il est également important de prendre un ou une bonne avocate dans le pays où vous vous installez afin qu’il ou elle vous aide à expliquer les problèmes généraux et personnels auxquels vous avez été confrontée en Grèce et la réalité à laquelle vous seriez confrontée si vous retourniez dans votre pays.
Vous ne pouvez pas être renvoyé si la Grèce ne vous accepte pas ou si vous pouvez prouver que vous avez été confrontée à des conditions inhumaines et dégradantes en Grèce et que vous courez un risque élevé d’y être à nouveau exposée si vous êtes renvoyée, et que les autorités et les tribunaux en tiennent compte. En d’autres termes, vous pouvez dire que vous n’aviez pas d’accès sécurisé à de l’eau, de la nourriture et à un logement, que vous avez été exposée à des violations des droits humains pendant votre séjour en Grèce (par ex des refoulements, une impossibilité d’accéder au système d’asile et/ou aux conditions d’accueil, des conditions de détention dégradantes, violences policières, etc), que vous n’avez pas pu accéder à vos droits (comme la protection sociale, une éducation, des soins médicaux) et que vous avez été confrontée à de la violence, de la discrimination, de l’exploitation, etc.
Attention : Les autres gouvernements de l’UE ont toujours eu intérêt à renvoyer les réfugiés en Grèce afin de réduire le nombre d’arrivées. La loi actuelle sur les retours forcés n’est pas seulement due au refus de la Grèce de coopérer, mais aussi au succès des luttes menées par les réfugiés, les avocats et les soutiens devant les tribunaux nationaux, dans le cadre de campagnes d’accueil de personnes exilées dans des lieux de culte ou de lutte contre les expulsions. Vous devez toujours rechercher des informations actualisées sur les derniers développements afin de mieux estimer les risques, de prendre votre décision sur l’endroit où construire votre vie et vous préparer à lutter pour votre droit de rester en Grèce ou ailleurs.
Attention : Si vous déménagez dans un autre pays de l’UE alors que vous bénéficiez d’un statut de protection (asile) de la Grèce, vous n’obtiendrez pas automatiquement la reconnaissance du statut de réfugié et vous ne pouvez pas simplement « échanger l’asile grec avec un autre » du nouveau pays où vous êtes arrivée. Comme vous êtes autorisée à voyager légalement en Europe pour une durée maximale de trois mois, et si vous souhaitez rester, vous devrez à nouveau demander l’asile depuis le début. Une fois que le problème de ne pas être renvoyée en Grèce est résolu, votre demande d’asile sera réexaminée dans le nouveau pays et fera l’objet d’une nouvelle décision qui peut être différente de celle prise en Grèce. Dans certains pays européens, il peut y avoir d’autres options pour un séjour légal - autres qu’une nouvelle demande d’asile, pour cela vous pouvez demander conseil dans le pays où vous vous trouvez auprès d’avocats ou de conseillers juridiques compétents.
N’oubliez pas : Les femmes, et plus encore les femmes vulnérables, courent moins de risques d’être renvoyées en Grèce, et il y a donc généralement moins de raisons de s’inquiéter. MAIS vous devez toujours être prête à expliquer et, si possible, à prouver les problèmes que vous avez rencontrés en Grèce lors d’un entretien spécifique organisé dans le cadre de la procédure d’admissibilité dans le pays européen vers lequel vous fuyez !