Risques, droits et sécurité en mer - Méditerranée centrale

Dernière mise à jour : février 2015

Depuis 20 ans, l’Union Européenne (UE) refuse des visas à la majorité des demandeurs. Beaucoup veulent quand même émigrer et essayent de traverser la mer clandestinement. Cette traversée est une infraction, mais elle est surtout dangereuse : plus de 17.000 morts ont été comptés aux frontières maritimes de l’UE depuis 20 ans. Cette note ne vise ni à dissuader ni à encourager la traversée, mais plutôt à donner des informations objectives sur les risques, les droits et les mesures de sécurité à prendre. Certaines informations peuvent sauver votre vie mais ne rendront pas pour autant la traversée sûre.


Contacts d’urgence Gardes-côtes :

  • Italie : + 39 065 908 45 27
  • Malte : + 356 21 257 267
  • Libye : + 218 21 44 46 799 ou + 218 21 56 30 257
  • Tunisie (Ministère de la Défense) : + 216 71 560 240

Le numéro d’Alarm Phone : +33 486 51 71 61

Avant le départ

lorsque vous déciderez de partir, lisez ceci :

Êtes-vous sûr de vouloir mettre votre vie en danger en traversant la frontière maritime ? Vérifiez les risques auxquels vous serez exposé avant de prendre votre décision. Des centaines de personnes meurent chaque année en tentant de traverser la Méditerranée centrale. En 2014, 3400 décès ont été enregistrés, mais les chiffres réels sont certainement plus élevés.

Infraction à la législation sur l’immigration illégale

L’entrée légale sur le territoire de l’UE pour les ressortissants tunisiens et libyens, ainsi que pour d’autres nationalités non européennes, nécessite un visa, sans lequel les migrants sont criminalisés. Le départ non autorisé peut également être criminalisé, puisque selon la loi tunisienne, les infractions de quitter le territoire sans document de voyage/visa valide ou de quitter le territoire à partir de zones frontalières officielles non désignées sont passibles d’amendes ou de peines d’emprisonnement (loi du 03/02/2004, article 35).

De nombreux bateaux coulent juste après le départ parce qu’ils sont en mauvais état. Certains chavirent à cause de la surcharge, du mauvais temps ou de la panique à bord. D’autres se perdent ou tombent en panne de carburant et dérivent pendant des jours ou des semaines, les passagers à bord mourant lentement de faim ou de soif. Parfois, les services de secours, bien qu’ayant été appelés à l’aide, ne parviennent pas à trouver les embarcations en raison d’un manque de clarté dans la communication.
Souvent, les autres bateaux en mer ne viennent pas au secours des migrants en détresse, même après les avoir repérés. Les informations suivantes ne vous permettront pas de traverser en toute sécurité. Vous pouvez également vous trouver dans des situations où vous ne pouvez pas suivre ces suggestions. Mais ce dépliant vous donne des idées sur ce à quoi vous pouvez vous attendre et comment vous préparer. Lorsque vous vous organisez en groupes et que vous vous préparez à la traversée, votre influence sur les décisions peut être plus grande. Ces informations peuvent vous sauver la vie.

Achetez un gilet de sauvetage et des fournitures et prenez soin de vos biens importants

  • Assurez-vous qu’il y a suffisamment de gilets de sauvetage à bord pour tout le monde ! Ils coûtent 20 TND chacun ; votre vie en vaut la peine ! Assurez-vous qu’il s’agit d’un gilet de sauvetage de bonne qualité. Mettez-les dès que vous quittez votre bateau et portez-les en permanence.

  • Prenez un petit sac à dos bien préparé, remplissez-le d’un maximum d’eau et de nourriture (crackers, conserves, dattes et chocolat). Enveloppez le tout dans des sacs en plastique imperméables.

  • Portez plusieurs couches de vêtements adaptés à la saison, mais n’oubliez pas d’emporter des vêtements chauds et une veste imperméable. Portez toujours un chapeau et des lunettes de soleil pour éviter la déshydratation.

  • Vous pouvez également acheter un médicament contre le mal de mer à la pharmacie (comme le Buscopan, qui est disponible en Tunisie et en Libye et qui n’est pas cher).

  • Enveloppez tous vos objets de valeur dans un sac en plastique et gardez-le sur vous. Pensez que tout ce qui n’est pas sur vous risque d’être perdu si le bateau chavire. Comme vos effets personnels risquent d’être perdus ou volés, faites des copies ou prenez des photos de tout ce qui est important, comme les documents dont vous pourriez avoir besoin comme preuve dans votre demande d’asile, et envoyez-les par courrier électronique à votre compte et/ou à un ami (si possible, en Europe). Inscrivez votre nom sur vos effets personnels et vos photos.

Vérifier les équipements de navigation et de communication

  • Assurez-vous de la présence d’un GPS et d’un téléphone satellite en état de marche, avec des batteries chargées et des batteries de rechange. Assurez-vous que quelqu’un à bord sait comment les utiliser et comment déterminer votre position avec le téléphone satellite (voir ci-dessous).

  • Votre téléphone portable doit être complètement chargé et votre solde suffisamment élevé pour vous permettre de passer plusieurs appels à l’étranger (au moins 30 TND). Votre téléphone portable ne fonctionnera pas en haute mer, mais il fonctionnera au large.

  • Emportez les numéros des gardes-côtes.

  • Emportez les numéros de vos parents et connaissances basés en Tunisie, en Libye, en Italie et/ou dans d’autres pays, et informez-les de votre voyage avant le départ, donnez-leur les numéros des services de secours et du téléphone d’alarme, afin qu’ils puissent vous appeler s’ils n’ont pas de nouvelles de vous en temps voulu.

Vérifiez le bon fonctionnement des équipements d’urgence à bord

  • Emportez plusieurs seaux d’eau ou, pour les plus gros bateaux, une pompe en cas d’entrée d’eau.

  • Assurez-vous qu’il y a des signaux d’urgence et d’avertissement à bord ! Le code de navigation impose des signaux orange et rouge. Faute de mieux, tout ce qui est susceptible d’attirer l’attention des autres peut être utile : sifflets, vêtements de couleur claire, sacs en plastique, miroirs, téléphones portables ou flashs d’appareils photo, etc.

Vérifier la météo au départ et à l’arrivée

  • Vérifiez que les conditions météorologiques sont bonnes pour les trois prochains jours aux points de départ et de destination. Vérifiez sur internet (WWW.METEOCONSULT.COM [gt][gt] METEO CONSULT MARINE), ou en téléchargeant l’application METEO CONSULT MARINE sur votre smartphone. Prenez le temps de vous familiariser avec elle !

Ne montez pas à bord d’un bateau surchargé ou endommagé

  • Demandez à voir le bateau avant de voyager ! Essayez-le !

  • La coque de votre bateau doit être en bon état : Pas de trous, de parties déchirées ou dégonflées ! Si vous le transportez jusqu’au rivage, attention aux épines : utilisez une couverture pour protéger la peau en caoutchouc contre elles ! Emportez une pompe pour gonfler le bateau. Si le bateau est en mauvais état, votre vie est en danger immédiat !

  • Vérifiez pour combien de personnes le bateau que vous utilisez est fait. En moyenne, un bateau de dix mètres de long ne peut pas embarquer plus de 10 personnes. Ce nombre passe à 30 personnes pour un bateau de 20 mètres de long. Un bateau surchargé est exposé au naufrage !

  • Nous sommes bien conscients que les relations avec les passeurs peuvent rendre ces exigences de sécurité impossibles. Mais certaines personnes ont refusé de monter à bord d’un bateau en mauvais état et/ou surchargé, car cela met leur vie en danger immédiat.

  • Veillez à ce qu’il y ait suffisamment de carburant pour le double de la durée du voyage prévu !

  • Assurez-vous qu’il y a suffisamment de pagaies, qu’elles sont en bon état et que les personnes qui tiennent les pagaies ont une bonne expérience et sont fortes.

  • Ne consommez pas d’alcool ou de drogue !

En mer

Précautions pendant le voyage

  • Essayez de documenter tout ce qui se passe, y compris l’heure et les coordonnées GPS de tout événement : prenez des photos/filmez les événements, ou écrivez, si possible. Cela peut vous aider à orienter votre bateau. Faites attention aux collisions potentielles autour de vous !

  • Portez toujours un chapeau, protégez-vous du froid et essayez de garder vos vêtements aussi secs que possible.

  • Ne mangez pas trop, juste assez pour ne pas avoir faim. Buvez régulièrement un peu d’eau. Ne buvez jamais d’eau de mer !

  • En cas de mauvais temps, accrochez-vous aux cordes ou à toute autre partie fixe du bateau.

  • Faites tout pour garder l’équilibre ! Gardez votre calme et ne paniquez pas, quoi qu’il arrive ! Évitez à tout prix les conflits ! Toute réaction brusque ou tout geste de panique peut vous mettre en danger : des personnes peuvent tomber du bateau, et le bateau peut chavirer.

En cas de danger, appelez à l’aide

  • Si vous êtes en danger immédiat (par exemple si la mer est trop agitée, si vous êtes tombé en panne ou si vous vous êtes perdu, si quelqu’un est tombé du bateau), appelez immédiatement tous les numéros d’urgence dont vous disposez. Quelle que soit votre nationalité ou votre situation juridique, le sauvetage des personnes en détresse en mer est une obligation inconditionnelle pour tous les capitaines de tous les bateaux qui se trouvent à proximité, ainsi que pour les États côtiers.

  • Si vous apercevez d’autres bateaux ou avions dans les parages, demandez-leur de l’aide par tous les moyens : par radio VHF si vous en avez une (lancez un appel de détresse [gt][gt]mayday[lt][lt] et indiquez également votre position GPS sur le canal 16), en lançant une fusée de détresse, en agitant des vêtements, en criant, en sifflant, en faisant clignoter vos téléphones portables ou tout autre appareil électronique. N’allumez pas de feu dans le bateau pour attirer l’attention, le bateau entier pourrait brûler !

Contacts en cas d’urgence

Italie: + 39 065 908 4527

Malte: + 356 21 257267

Libye: + 218 21 4446799 ou + 218 21 5630257

Tunisie (Ministère de la Défense) : + 216 71 560 240

  • Essayez de trouver quelqu’un à bord qui parle la langue des garde-côtes ou l’anglais. Restez calme. Précisez-leur : votre situation de détresse, votre position GPS, le nombre de personnes à bord, les nationalités et l’état de santé de tous les passagers, le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants, ainsi que la taille, le type et l’état de l’embarcation (y a-t-il des fuites d’eau ? le moteur fonctionne-t-il correctement ?). Pour avoir accès à votre position avec un téléphone satellite Thuraya, procédez comme suit : MENU [gt] GPS MANAGER [gt] POSITION ACTUELLE.

  • Si vos batteries et votre crédit le permettent, entrez en contact avec vos parents/connaissances en Europe, en Libye, en Tunisie ou dans d’autres pays.

  • Contactez le téléphone de l’alarme WatchTheMed : + 334 86 51 71 61. Ce numéro n’est pas un numéro de sauvetage mais un numéro d’alarme pour soutenir les opérations de sauvetage (voir aussi la dernière page).

Pendant le sauvetage : Gardez votre calme!

Lorsque vous êtes secouru par un autre bateau, restez assis et ne faites aucun mouvement brusque dans l’embarcation, cela pourrait la faire chavirer. Si vous souhaitez demander l’asile, dites-le clairement. Le capitaine qui vous sauve doit s’assurer que vous avez accès à une procédure de demande d’asile si vous le demandez, et vous emmener dans un port d’un pays sûr où vous ne serez pas menacé.

Une personne à la mer ou en train de couler

  • Si quelqu’un tombe à l’eau, arrêtez immédiatement le bateau. Ne perdez pas de vue cette personne jusqu’à ce qu’elle soit secourue ! Jetez une bouée de sauvetage, un gilet de sauvetage ou tout autre objet flottant à côté de cette personne dès que possible. Faites ce que vous pouvez sans risquer votre vie.

  • Une personne seule dans l’eau avec un gilet de sauvetage doit flotter sur le dos. Plusieurs personnes dans l’eau avec des gilets de sauvetage doivent s’attacher les unes aux autres pour s’équilibrer et se réchauffer mutuellement, ou flotter sur le dos, toutes attachées les unes aux autres, si elles n’ont pas de gilet de sauvetage.

  • Lorsque la personne est remontée à bord, il faut la déshabiller, la sécher et l’envelopper dans une couverture. Si la personne ne respire pas, soufflez dans sa bouche et procédez à un massage cardiaque.

  • Si tout le bateau a chaviré, essayez de vous accrocher à lui ou aux parties flottantes. Essayez de créer un radeau de sauvetage avec des bouteilles d’eau ou des bidons d’essence vides !

À terre

Demander l’asile

Vous avez franchi une frontière sans autorisation, ce qui est interdit par la loi. Mais la Convention de Genève de 1951 stipule que vous avez droit à l’asile lorsque vous êtes persécuté pour votre race, votre religion, votre nationalité, votre appartenance à un certain groupe social ou vos opinions politiques. Vous pouvez également essayer de demander l’asile même si vous n’appartenez pas à l’une de ces catégories. Si c’est ce que vous voulez, vous devez en parler au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ou aux autorités (y compris à la police si vous ne trouvez pas d’autre représentant) et insister sur votre droit à l’asile. Vous pouvez également demander à être mis en contact avec des organisations compétentes pour obtenir de l’aide et des conseils. Les demandeurs d’asile en Italie peuvent utiliser le numéro gratuit suivant : 800 905 570 (ARCI). A Malte, vous pouvez contacter le Jesuit Refugee Service +356 21 41 26 06.

Si vous êtes mineur de moins de 18 ans, informez-en immédiatement les autorités lorsque vous êtes secouru et amené en Italie !

Pour obtenir une liste détaillée des organisations en Europe et des informations sur les procédures d’asile, consultez la page web suivante :

www.w2eu.info

http://w2eu.info/en/articles/pritings

Détention

Il est possible que vous soyez placé en détention. L’entrée en Italie sans visa valide peut entraîner une privation de liberté de 3 mois. Les conditions de libération sont très strictes, et si vous êtes accusé d’avoir aidé d’autres personnes à entrer illégalement dans le pays, une procédure judiciaire suivie et/ou précédée de plusieurs années d’emprisonnement peut s’ensuivre. Par ailleurs, des accords entre la Tunisie et l’Italie permettent d’expulser rapidement les migrants fraîchement arrivés en Italie.

Déclarez tout décès ou toute violation de vos droits

Si des personnes sont mortes sur votre bateau, ou si vous étiez en détresse et qu’un bateau n’a pas fait son devoir de vous secourir alors qu’il était au courant de votre situation, vous pouvez prendre contact avec une organisation locale de défense des migrants et exiger que votre témoignage soit entendu, ou vous pouvez : écrire à info@watchmed.net

Watch the Mediterranean Sea (WTM - www.watchthemed.net) souhaite recueillir votre témoignage et dénoncer ces faits pour qu’ils ne se reproduisent plus. Essayez de donner le plus de détails possible, et envoyez toute photo ou vidéo de la traversée. Votre identité ne sera pas révélée et votre témoignage restera anonyme.

WatchTheMed Alarm Phone : + 334 86 51 71 61

Ce numéro n’est pas un numéro de sauvetage mais un numéro d’alerte pour soutenir les opérations de sauvetage. Nous avons créé ce numéro avec des activistes de différents réseaux transnationaux qui sont solidaires avec les migrants et les réfugiés. Nous n’avons pas de bateaux ou d’hélicoptères pour effectuer des opérations de sauvetage, alors assurez-vous d’appeler d’abord les gardes-côtes. Si vous n’êtes pas rapidement secourus ou si vous êtes repoussés, nous en informerons les médias et protesterons contre cette situation.

Dépliant imprimé:

(fichier : Safetyatsea-Centralmed-Arabic-02.pdf)

(fichier : Safetyatsea-Centralmed-Francais-02.pdf)

(fichier : safetyatsea-cm-english-02d.pdf)