Vue d'ensemble

Dernière mise à jour : septembre 2023
Created by potrace 1.10, written by Peter Selinger 2001-2011

Depuis de nombreuses années, la situation des réfugiés et des migrants en Libye est caractérisée par de graves violations quotidiennes des droits de l’homme. Les évacuations vers l’Europe ou d’autres pays sûrs n’ont lieu qu’en très petit nombre. En l’absence de toute autre option de passage sûr, les réfugiés et les migrants n’ont pas d’autre choix que d’effectuer une traversée sur des bateaux qui ne sont pas en état de naviguer. Ces traversées se font bien souvent au péril de leur vie et sous la menace permanente d’un refoulement, retour forcé vers la Libye dans lequel l’argent et le matériel de l’UE, jouent un rôle crucial.
Dans le contexte d’une guerre civile toujours en cours et de conflits armés permanents entre diverses factions et milices, des personnes de nationalité libyenne doivent également régulièrement fuir leur pays d’origine.

Nous présentons ici le manifeste de Refugees in Libya afin de mettre en lumière la situation des personnes les plus touchées. Celles-ci ont entamé en 2021 un acte historique d’auto-organisation dans les conditions les plus difficiles et elles luttent encore et toujours pour les demandes mentionnées ci-dessous.

https://www.refugeesinlibya.org/manifesto

**Nous sommes des réfugiés et nous vivons en Libye.

Nous venons des pays d’Afrique du Sud, de l’Est, du Centre et de l’Ouest, de la région du Maghreb et du Moyen-Orient. Nous fuyons les guerres civiles, les persécutions, les changements climatiques et la pauvreté dans nos pays d’origine. Nous avons tous été poussés par des circonstances qui dépassent l’endurance humaine.

Nous avons tous quitté nos maisons à la recherche d’une seconde chance pour nos vies et sommes donc arrivés en Libye. Ici, nous sommes devenus la main-d’œuvre cachée de l’économie libyenne : nous posons des briques et construisons des maisons libyennes, nous réparons et lavons des voitures libyennes, nous cultivons et plantons des fruits et des légumes pour les agriculteurs libyens et les restaurants libyens, et nous montons des satellites sur des toits élevés pour les écrans libyens, etc.

Apparemment, cela ne suffit pas aux autorités libyennes. Notre main-d’œuvre ne suffit pas. Elles veulent le contrôle total de nos corps et de notre dignité. Ce que nous avons trouvé à notre arrivée, c’est un cauchemar fait de tortures, de viols, d’extorsions et de détentions arbitraires dans le cadre d’un système mis en place et financé par des pays européens et dans le cadre duquel l’Italie a signé un mémorandum avec le régime mafieux de la Libye… En conséquence, plus de 24 000 personnes sont mortes dans la mer Méditerranée et des milliers d’autres dans le désert du Sahel alors qu’elles étaient en route vers la Libye. Nous avons subi toutes les violations possibles et inimaginables des droits de l’homme.

Pas seulement une fois.

Nous avons été interceptés de force en mer par les soi-disant garde-côtes libyens - financés par les autorités italiennes et européennes - puis ramenés dans des prisons et des camps de concentration inhumains. Certains d’entre nous ont dû répéter ce cycle d’humiliation deux, trois, cinq, voire dix fois.

Nous avons essayé d’élever la voix et de faire connaître nos histoires. Nous les avons enseignées aux institutions, aux hommes politiques et aux journalistes, mais à part quelques rares personnes intéressées, nos histoires n’ont pas été entendues. Nous avons été délibérément réduits au silence.

Mais ce n’est plus le cas.
Depuis le 1er octobre 2021, jour où la police et les forces militaires libyennes ont investi nos maisons dans le quartier de Gargaresh et se sont livrées à une répression impitoyable, grave et sans pitié, ainsi qu’à des raids massifs contre nous. Des milliers de personnes ont été arrêtées arbitrairement et détenues dans des camps de concentration inhumains.

Le lendemain, nous nous sommes rassemblés en tant qu’individus au siège du HCR. Là, nous avons compris que nous n’avions pas d’autre choix que de commencer à nous organiser.
Nous avons élevé nos voix et celles des réfugiés sans voix qui ont été constamment réduits au silence. Nous avons créé ce mouvement sous le nom de REFUGEES IN LIBYA (Réfugiés en Libye) parce que nous pensons que quiconque quitte son pays est un réfugié, quelles qu’en soient les raisons.

Nous sommes ici pour revendiquer nos droits et demander la protection des pays où nous sommes en sécurité.

C’est pourquoi nous exigeons maintenant de nos voix

  • Des évacuations vers des pays sûrs où nos droits seront protégés et respectés.
  • La justice et l’égalité entre les réfugiés et les demandeurs d’asile enregistrés auprès du HCR en Libye.
  • La suppression du financement des garde-côtes libyens qui ont constamment et de force intercepté les réfugiés fuyant l’enfer libyen et les ont amenés en Libye où toutes les atrocités leur sont infligées.
  • La fermeture de tous les centres de détention en Libye, qui sont entièrement financés par les autorités italiennes et de l’Union européenne.
  • Que les autorités traduisent en justice les auteurs qui ont tué nos frères et sœurs dans les centres de détention et à l’extérieur de ceux-ci.
  • Que les autorités libyennes cessent de détenir arbitrairement les personnes relevant de la compétence du bureau du HCR.
  • Un appel à la Libye à signer et à ratifier la constitution de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés.**